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Une infirmière ordinaire
Une infirmière ordinaire
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Les p'tits bonheurs.

Les p'tits bonheurs.

  Être infirmière, c'est exercer un métier passionnant. Les heures de travail ( qu'on ne compte pas ) sont bien souvent semées d'embûches. Autant d'imprévus qui sont des accros à une organisation que nous tenons à bout de bras pour éviter que s'en empare un certains chaos. Il y a donc des situations qui nous agacent, parfois même nous attristent. Forcément nous sommes en contact permanent avec la maladie, son lot de difficultés et de tristesse. Nous savions à quoi nous attendre en choisissant notre voie mais il n'empêche que cela reste compliqué, nous ne sommes pas des robots ( non, non je vous assure ).

  Heureusement, notre quotidien n'est pas non plus d'un sombre crépusculaire et je vais vous faire une liste ( non exhaustive ) des petits bonheurs, moments de grâce qui viennent rajouter de la couleur et égayer notre exercice. Une spéciale dédicace à tous les soignants parce-qu'il y a nombre de situations qui sont communes à toutes nos professions.

  Commençons par les petits instants de grâce, ceux pendant lesquels clairement on peut dire que l'ange gardien du soignant existe et qu'il est là, pas loin, peut être sur le siège passager de votre voiture ou Poney garé en double file en bas de l'immeuble tous warning dehors, qui sait.

  Quand arrive l'accompagnement de Madame C. à la douche.

Moment délicat.

Madame est prête, l'eau coule. Vous demandez à votre patiente si la température lui convient avant de commencer. Là, vous vous armez de patience et d'abnégation en attendant la suite car vous ne la connaissez que trop bien :

" Uuuuh trop chaud " suivi d'un...

" Uuuuh trop froid " et re...

" Uuuuh mais trop chaud! vous voulez m'ébouillanter? " puis à nouveau...

" Uuuuh froiiiiiiid " "chauuuuud " " Froiiiiid"...

Ça peut durer longtemps, très longtemps.

Mais aujourd'hui, vous avez à peine posé la question du bout des lèvres que vient doucement se glisser à votre oreille un :

" Oui, c'est parfait, allez-y "

Vous avez gagné moins quinze points de pénibilité sur votre journée, elle commence bien, vous avez le sourire : La température est CORRECTE!

  Il est tôt, il pleut, vous arrivez devant chez Monsieur G. Son appartement est au second et pour y accéder pas d'autre choix que de sonner et d'attendre la réponse via l'interphone qui validera votre droit de passage par un " guzz " ouvrant la porte.

Malheureusement, Monsieur G. est un peu sourd et un peu maladroit, ce qui donne une longue ( très longue ) attente suivi d'un :

" Je vous ouvre! " Guzzzz 

" Non, Monsieur G. ça ne fonctionne pas "

" Ha. Et là? " Guzzzzz

" Non, toujours pas, restez appuyer plus longtemps s'il vous plait "

" Ha, très bien " Guzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

" C'est bon! vous pouvez lâcher le bouton!" zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzZzzzzzzzzzzzz

Mais aujourd'hui, vous arrivez en bas de chez Monsieur G. et là... une personne sort de l'immeuble, la porte s'ouvre devant vous sans attendre, sans guzz! Vous êtes joie et prenez même les escaliers pour monter avec allégresse.

Comment? j'exagère? non pas du tout.

  La ponction veineuse est le terme chic pour désigner la " prise de sang " que l'on connait tous.

Sur les formulaires de laboratoire il y a une case " prélèvement difficile " ou plutôt il y avait parce-qu'elle n'y est plus.

Pour avoir entendu une technicienne dire à une patiente que non, le faible capital veineux rendant la ponction compliquée n'existe pas mais par contre qu'il existe beaucoup de mauvais préleveurs je pense que cela en est peut être la cause. Allez savoir.

Bref, aujourd'hui vous vous rendez chez Madame M. qui n'a donc pas un faible capital veineux mais a certainement rencontré beaucoup de mauvais préleveurs depuis qu'elle a besoin de bilans réguliers.

Elle vous en informe.

Vous avez la pression et vous attendez donc à suer à grosses gouttes en mobilisant une concentration maximum pour choisir l'endroit où votre aiguille rencontrera une de ses veines après avoir traversé la fine couche de peau la recouvrant.

Vous êtes un peu tendu, vous aller piquer quand : " ha, là par contre en général ça ne fonctionne pas, enfin je préfère vous prévenir".

Bon, c'est pourtant le seul endroit où un semblant de parcours veineux se dessine.

Vous décidez d'y aller quand même malgré le: " mais bon, c'est vous qui savez hein. Je dis ça... euh... c'est bon y' a du sang?"

Contre toute attente le tube se remplit! à bonne vitesse, un tube citraté... jusqu'au TRAIT! Vous retirez l'aiguille, la patiente se détend. C'est tout bon!

L'ange gardien de la ponction veineuse ( oui, c'est chic! ) était donc dans cette boîte de prélèvement!

  Après ces petits instants de grâce, vous allez me dire que la futilité s'est emparée de moi. Pas du tout, j'ai gardé le meilleur pour la fin! Les véritables moments de bonheur que nous vivons à travers nos métiers, au quotidien.

En voici quelques exemples :

L'annonce de résultats positifs ( dans le sens régression de la maladie ) d'un bilan post chimiothérapie et/ou radiothérapie: 

Un parcours semé d'embûches, de douleur. Une bataille que le patient mène de front, un accompagnement de tous les instants.

La joie du chemin vers la rémission et la guérison nous la partageons aussi et elle vient égayer notre âme de soignant, y rajouter une touche d'espoir quand nous pensons à tous les autres patients qui luttent encore sans relâche.

Le faire part: 

Une jolie enveloppe arrivée par la poste un midi sans crier gare. Elle se dénote des autres par son joli timbre. Vous l'ouvrez et découvrez la photo d'un tout petit bébé qui a rejoint son monde récemment. Là, vous vous remémorez ces moments passés avec les jeunes parents, ces moments incertains, douloureux, d'espoir mêlé de déception, de sourires et de pleurs. Cette longue attente.

Et vous versez à votre tour une petite larme, de joie, pour cette toute nouvelle famille.

Et puis, il y a aussi tous les petits mots, petites attentions laissés par les patients, les familles au décours d'un soin ou d'une série de soins.

Ils réchauffent nos coeurs de soignant. Sachez le. Ce sont autant de petits " boosters ", de retours positifs sur notre travail qui raniment notre motivation, notre envie de mettre toujours autant de coeur à l'ouvrage.

S'épanouir dans nos métiers c'est se nourrir de ces petits ou grands instants de bonheur qui nous permettent d'affronter tous les autres plus difficiles. Et je vous assure, dans les périodes les plus sombres, parfois le simple fait de remplir un petit tubes de prélèvement du premier coup sans torturer les veines fragiles d'une patiente, suffit à éclaircir nos journées!

Les p'tits bonheurs.