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Une infirmière ordinaire
Une infirmière ordinaire
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Marguerite

Marguerite

Marguerite est une femme d'une soixantaine d'années. Petite, un peu ronde et grisonnante, habillée au gré de ses trouvailles vestimentaires d'un style indéfinissable. Nous intervenons chez elle depuis environ deux ans.
Marguerite est un personnage, le genre de patiente qui marque, par sa singularité.
Son petit appartement est au rez de chaussée d'une grande maison partagée en plusieurs petits logements. Elle vit seule, avec son chien qui malgré un âge avancé garde un aboiement digne du plus vaillant des caniches nain. Un flot de mots orduriers pour le faire taire accompagne en général notre arrivée. Une compétition de décibels s'engage alors entre Pin's (un nom tout droit sorti des années 90), Marguerite... et la télévision, qui elle aussi s'en donne à coeur joie au fond de la pièce.
Le petit jardinet par lequel on accède à sa porte est rempli d'objets en tout genre, j'y ai vu des chaises, poupées, fer à repasser, chaussures, vaisselle, une fois même un frigo, qui n'est pas resté là longtemps d'ailleurs. Aucune végétation n'y a survécu, même l'herbe ne trouve pas sa place. Sur la porte et sur les murs intérieurs, des gravures de scènes de chasse partagent le peu de place avec des publicités de parfum découpées dans des magazines. Passés l'entrée et l'accueil sonore particulier, c'est un florilège olfactif qui vient titiller nos narines. L'effluve de l'incontinence de Pin's, absorbée par des feuilles de journaux et des cartons étalés par terre se mélange à l'odeur du repas, qui selon l'heure de la journée, mijote ou se décompose. Sur la table, il y a toujours un petit verre de bière mais attention " c'est de la bière hein, pas de l'alcool", ou de rosé, c'est selon. Autant vous dire que la prise en charge n'est pas évidente, d'autant que Marguerite n'a pas de très bonnes fréquentations et que celles-ci ont tendance à venir piocher très souvent dans sa réserve mensuelle d'anxiolytiques.
Malgré tout, il y a toujours un sourire sur son visage et tout ne se passe pas si mal que ça, la situation est plutôt stable. Petit à petit, elle arrive à modifier certains comportements, elle fait ce qu'elle peut et nous sommes là pour l'accompagner et essayer de limiter les risques. La confiance est là, ça fonctionne. C'est certain qu'en théorie, c'est le bazar, une personne diabétique ne dois pas boire d'alcool de façon chronique, doit respecter un rythme de vie, ne pas manger n'importe quoi, n'importe quand... Marguerite, elle, fait attention mais à sa manière...


" Tiens, je te montre c'que j'ai fais pour midi?"
" Non, merci Marguerite, j'ai..."
" Mais si regarde c'est des trip'!"
" ... "

hummm les trip'

hummm les trip'