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Une infirmière ordinaire
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Le jour se lève

Le jour se lève

Le jour se lève.

 

Sonne le réveil d’une nuit sans cauchemar, sans rêve non plus, un saut dans le temps, un trou noir.

Le café fait son boulot, me prend dans ses bras et secoue un peu mes méninges qui se remettent en place. 

Un plan de soins, vite fait, je sais où je vais, qui je vais voir, même cette nouvelle adresse qui ne l’est pas tant que ça finalement, c’est le quartier, j’y suis allée il y a longtemps mais je crois que je me souviens, alors ça ira. 

Il faut sourire, ça j’y arrive bien et ça ne m’est pas difficile, soigner, jongler avec les personnalités, les handicaps, les seringues, les tubulures, les tubes, le savon et les serviettes, les vêtements, l’eau de Cologne « qui fait du bien » sauf à mes narines. 

J’y arrive, toujours.

J’y arrive encore. 

La tête haute, je n’écoute plus les cris de mon corps. 

À mon âge, il n’y a pas de raison que ce soit difficile de monter quatre étages, ni onze d’ailleurs. 

Alors j’y vais, c’est le mental qui fait tout, c’est ce qu’on dit, ce que j’entend, ça ne doit pas être faux.

« Faut pas se laisser aller ».

Aller à quoi d’ailleurs? 

À un ailleurs surement… À la légèreté, une course effrénée vers le bonheur, prendre le temps de plonger et se perdre dans le sourire d’un enfant, retrouver l’innocence…

L’innocence d’Avant, quand tu étais là, quand vous étiez là, quand je ne savais pas. 

Avant, quand je ne portais pas les stigmates de la réalité sur ma peau, les stigmates de ces nuits d’été torturées, cet apprentissage dans la souffrance que faire aveuglement confiance peu mener à marquer pour toujours un corps et un esprit. 

Mais je suis là. 

Et vous l’êtes aussi à mes côtés. 

Je ne me laisserais pas aller.

 

Cet ailleurs, cette légèreté, ce bonheur, cette innocence sont passés. 

 

Il n’y aura pas de reset. 

 

Le jour se lève à nouveau,

 

Je soigne,

 

je souris. 

 

 

Le jour se lève